Bonsoir à tous

Bonsoir, je suis une femme de 52 ans, seule évidemment, et je le vis de moins en moins bien. Après avoir élevé seule mes 3 grands enfants, j'ai aussi 2 petits-enfants. Mais je me traine depuis quelques temps et on vient de me diagnostiquer une alcalose respiratoire, donc, je ne vais plus travailler, je suis fatiguée en permanence et je ne vois plus personne. Je recherche dialogue et sorties éventuelles dans ma région mais surtout à ne pas me replier encore plus sur moi-même. A deux doigts de me faire hospitaliser volontairement au cpa de Bourg, je tente ici de nouer des contacts pour peut-être éviter cela.

Bienvenue.

C'est un cercle vicieux difficile, ça, plus tu es malade plus tu es seule, et plus tu es seule plus tu es malade... C'est une bonne idée de venir rencontrer du monde ici pour casser le cycle. Les contacts via internet ça remplace pas le contact en chair et en os, pourtant parfois ça fait la différence.

Comment ça se passe avec tes enfants et petits-enfants ? Tu ne les vois pas souvent ?

Oui, la maladie isole.
Mes enfants et moi avons d'assez bonnes relations ma fille vit à 50 min de chez moi, mon plus jeune fils à 20 min et mon grand à Stockholm, c'est beaucoup plus loin!
Ils m'ont toujours connue forte et solide et ne peuvent comprendre ni envisager mon état....
Je pense même qu'ils le nient parce que c'est plus simple.
Du coup, on ne se voit pas autant que je le voudrais mais ils ne le savent pas. Ceux qui vivent ici ont chacun un bébé, ils ont d'autres priorités que je comprends, même si ça me blesse.
Bref, je ne veux pas les mettre mal à l'aise alors on évite soigneusement le sujet. Quand je ne vais vraiment pas bien, je rejette leur contact. c'est pas la peine qu'ils me voient telle que je suis.
J'essaie de les voir 2 à 3 fois par mois, quand je suis à peu près d'aplomb! Mais j'aimerai tellement plus.

Je comprends ça mais c'est dommage, je pense pas que tu devrais les garder en dehors de ce que tu vis.

Je l'ai vécu par l'autre bout, mon père était très malade, extrêmement seul et en grave dépression. Il a tout fait pour garder ses enfants hors de ça, pour nous protéger. Aujourd'hui il est mort, et on ne connait pas vraiment la personne qu'il était pendant les dix dernières années de sa vie.
On était ses enfants mais aussi des adultes capables de comprendre ce qu'il traversait. Si j'avais pu être là pour lui, non seulement ça l'aurait rendu moins seul, mais ça m'aurait fait du bien d'être plus proche de mon père.

Bon lui c'était un cas un peu extrême, parce qu'il n'a jamais envisagé d'aller mieux et n'a jamais fait quoi que ce soit pour que sa situation s'améliore. Tu es visiblement loin de ça et tant mieux.

Mais tes enfants sont des adultes, capables de comprendre que leur mère n'est pas une héroïne invincible mais un être humain. Ils te connaissent assez pour faire la différence entre ce que tu es, ta solitude, ta maladie, tes symptomes. Ils te connaissent même sûrement assez pour se douter que tu ne vas pas bien (mon père pensait qu'on ne voyait pas son désespoir... bah si et du coup on s'inquiétait, des fois il vaut mieux savoir). Et ils auront sûrement des conseils vraiment adaptés.

Ils te font confiance, non ? Bah fais-leur confiance aussi :]

Tu soulèves une très bonne question! La confiance?
Je ne sais plus, j'avoue.
Je n'ai déjà pas confiance en moi, pour ce qui est des autres, c'est encore pire.
Non, javoue ne pas avoir complétement confiance en moi, en eux.
De devoir remettre en question toute leur éducation, tout ce que je leur ai appris.
Peur d'avoir raté quelque chose dans ma façon de les avoir éduqués...
De me remttre donc en question aussi!
Ta façon de penser me laisse perplexe, tu as l'âge de mon fils aîné et ton avis me touche.
Je ne suis pas prête non plus à être déçue d'eux, de leur attitude, je me protège aussi de ça...
Bref, faire confiance, c'est pas gagné!

Tu as l'air dure avec toi-même.

T'as forcément fait des erreurs dans l'éducation que tu leur as donnée, tout le monde en fait, c'est le principe d'être parent... en fait c'est le principe d'être humain. Chercher la perfection c'est bien, mais il faut pas perdre de vue qu'aucun de nous ne l'atteindra jamais. Tes enfants eux-mêmes sont en train d'essayer d'être des bons parents, et de faire des erreurs quand même. Et pourtant vous êtes sûrement tous des bons parents.

Accepter ces failles là, c'est pas reconnaître que tu t'es plantée de chemin, c'est reconnaître que tu es humaine comme tout le monde.

J'ai essayé d'être parfait pendant 20 ans, avant de me prendre un mur qui m'a fait comprendre que c'était pas le bon objectif, c'est pour ça que je me permets d'en parler. Ce que je raconte je l'ai surtout appris grâce à des livres, qui m'ont permis de faire de la solitude un chemin vers une guérison profonde.

C'est un problème à régler, si tu as aussi peu confiance en toi. Pour sortir de la solitude (et probablement de la maladie), tu as besoin de devenir ta propre amie et alliée, et de te connaître sans zone d'ombre avec lucidité, autant ce qui est beau que ce qui est moins beau.
Je suis là-dedans en ce moment, moi, et je peux te dire que ça vaut le coup !

Tu as raison sur toute la ligne.
Malheureusement le fait de le savoir ne me fait pas avancer. En te lisant je pleure . En me disant que je ne suis pas parfaite je pleure. A l'idée d'avoir commis des erreurs, je pleure. La seule idée de l'echec me terrifie. Je sais avoir fait de mon mieux et je sais aussi que ça n'a pas suffit et c'est une croix tellement lourde que même l'avouer est douloureux.
Je ne me pardonne pas mes echecs ni mes fêlures je me sens coupable depuis tellement longtemps que ce sentiment d'imperfection me bouffe... Coupable d'avoir choisi leur père, qu'ils soient devenus orphelins, que j'ai failli....La culpabilité du survivant par rapport à mon mari, aussi...Tout ça m'étouffe depuis tant d'années qu'aujourd'hui même mon corps n'arrive plus à fonctionner...

Eh bah au moins ça confirme la somatisation... Bah voilà c'est une avancée x)

Je pense que c'est une bonne idée que tu ailles chercher une aide psychologique professionnelle. C'est important qu'il y ait des gens pour prendre soin de toi et te premettre de (re)trouver la force de prendre soin de toi par toi-même.

Si tu as le courage de te lancer dans la lecture, tu peux aller voir sur cette page, j'y parle des livres qui m'ont aidé à traverser les moments les plus difficiles. Bon courage.

Noé

Somatisation confirmée et éxprimée pour la première fois dans toute sa complexité. Merci.